Je suis née en 1941 à Guéret, dans la Creuse, petite ville sur les marches du Massif Central, moins de 10 000 habitants à l’époque. J’ai passé le meilleur de mon enfance dans la ferme de mes grands-parents paysans. Moments heureux avec mon jeune frère dans ce petit village creusois qui remonte aux Gallo-romains, où ma famille maternelle est implantée depuis des générations.
Souvenirs : une vache devenue folle dans la cour, des bombardiers passant haut dans le ciel, deux prisonniers allemands affectés à la ferme, l’un si gentil et l’autre qui faisait peur. La seconde guerre mondiale, à l’orée de ma vie, mais aussi l’autre, celle de mes grands-parents, la Grande Guerre, qui avait rempli le cimetière de jeunes hommes qui étaient leurs cousins, neveux… Et malgré tout, le bonheur de vivre à la campagne, dans une vraie ferme de cette France rurale presque disparue aujourd’hui.
Ma mère était professeur de sciences naturelles, mon père directeur de l’École normale d’instituteurs. Je suis ainsi tombée dans l’école dès mon plus jeune âge, comme Obélix dans la potion magique (reste à déterminer quelle force, ou quelle faiblesse, cela m’a donné). J’ai grandi au milieu de garçons (ces normaliens) qui se faisaient une idée quasi apostolique de leur futur métier. Un jour de septembre est arrivé un élève qui deviendra mon premier mari. Il avait 15 ans, j’en avais 14.
Jeunesse provinciale propice au rêve et à la lecture, seule ouverture sur le monde au-delà de nos collines. J’ai lu abondamment dans la bibliothèque de l’école de mon père. Bibliothèque à l’ancienne, rayonnages jusqu’au plafond. Durant les vacances, dans le silence de l’école désertée, j’ai passé là des moments comme je n’en connaîtrais plus. Cette passion pour les livres inquiétait un peu ma mère :
Ça va te tourner la tête, tout ça », mais elle m’achetait tout de même chaque semaine un volume de la collection rose ou verte dans une petite librairie de la rue des Pommes.
Mes premiers grands souvenirs de lecture : « Perlette goutte d’eau » (album du Père Castor), « Les enfants du capitaine Grant », « Michel Strogoff » (Jules Verne), « Les quatre filles du docteur March » (Louisa May Alcott), « Les hauts du hurlevent », « Jane Eyre » (les sœurs Brontë), les romans de Jane Austen…, et aussi « La Caverne » de Platon, texte auquel je ne comprenais rien mais que je trouvais rigolo et très excitant.
Cette excitation devant un texte qui me restait opaque par bien des aspects, je l’ai retrouvée beaucoup plus tard en lisant, à ma façon, Gilles Deleuze (L’anti-Oedipe, Mille plateaux, etc...), Gilles Rosset (Le réel et son double). Cette part de mystère qui résiste dans une lecture est peut-être celle qui permet au lecteur d’avancer dans le dédale de son obscurité propre, secrètement, sans harcèlement, selon des voies qu’un éclairage trop cru aurait masqué.
Du côté de ma mère une longue lignée de paysans. Du côté de mon père, des instituteurs (ces fameux hussards noirs de la République), mais aussi des médecins et un anthropologue, Léonce Manouvrier, spécialiste du cerveau, qui affirmait que le cerveau des femmes et des Noirs n’était pas plus petit que celui des hommes et des Blancs. Position avancée à l’époque, presque scandaleuse !
C’était en 1900.
J’ai fait mes études à Limoges, Poitiers, Bordeaux, Londres. Agrégation d’anglais à La Sorbonne. Paris, un choc. Mes condisciples me paraissaient tellement plus intelligents, plus au fait de tout. Et cette ville, où chaque pierre porte un pan d’histoire !
Mon départ pour New York a été une libération. J’y ai vécu plusieurs années avec ma famille, y ai élevé mon fils (voir Allons-nous être heureux ?). J’ai enseigné au Lycée français, travaillé épisodiquement pour l’ONU et fait divers petits boulots. J'ai été correctrice à Scott Meredith Literary Agency. J'ai été mannequin de cabine, mais je ne voulais pas couper mes cheveux et j'avais les bras trop longs, soi-disant!
J'ai fait de nombreux voyages à l’étranger. En particulier, ce séjour à l’île de Pâques en novembre 1997, expérience très marquante, dans laquelle je puiserais pour mon roman « L’expédition », Gallimard, 1999.
Je vis maintenant entre Paris et Royan. J’ai d’abord été publiée par Anne Philipe. Après la mort de Gérard Philipe, elle était devenue directrice littéraire aux éditions Julliard. Rencontre capitale pour moi, que je raconte dans mon livre "Bonjour Anne" chez Actes Sud, 2010. Elle m’a accueillie (recueillie ?) plusieurs étés à Ramatuelle lorsque ma vie n’allait pas très rondement. J’ai ensuite été publiée par Roger Grenier (autre rencontre étonnante), chez Gallimard.
Actes Sud a publié plusieurs de mes livres, dont le dernier « Destiny… » en avril 2016.
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