Il faut un sacré savoir faire de conteuse pour laisser son lecteur dans un tel état de malaise et d’inavouable fascination…
Entre fait divers sordide et fable érotico macabre, Pierrette Fleutiaux entraîne au trouble pays des sortilèges et de la vampirisation. Pourquoi donc le jeune Raphaël se laisse-t-il à ce point hanté, dès l’âge de 9 ans, par les parfaits jumeaux Léo et Camille, de trois ans ses cadets ? Parce qu’ils sont riches, beaux et cosmopolites, quand il est pauvre, banal et provincial ? Parce qu’ils sont le masculin et le féminin tout ensemble, la transparence et la noirceur, la pureté et le vice ?
Le paradoxal trio plongera bientôt dans les ténèbres et leurs jeux deviendront crime…
Sur des thèmes archiromanesques et attendus – la gémellité, l’enfance, l’innocence – Pierrette Fleutiaux sait magiquement tisser le doute. À qui donc s’adresse ainsi le narrateur du récit Raphaël, et pourquoi ? L’écriture est un des enjeux les plus ambigus de ce texte à tiroirs. À la fois exorcisme et exutoire. Elle est le cœur même, palpitant, inquiétant, de ce roman secret qui parvient à faire mystère de chaque ligne.
Fabienne Pascaud, Télérama (14 septembre 2005).